Rester à l’écoute. Rester en éveil. Ou bien Rester simplement humain. Et puis Résister à l’air du temps. Même « un soir de vague à l’âme ». Rester à l’écoute. Déjà de soi-même. Et de ce nouvel album du Peuple de l’Herbe, qui distille en vous son message avec la détermination de l’humanisme et avec la clarté de l’intelligence. Laisser ensuite la rétroaction sonore opérer. Puis onduler sereinement du bassin avant de rejoindre la station terminus. Celle d’un monde qui tourne définitivement à l’envers. Résister. Autant avec des mots justes que des notes qui dissonent. Refrain populaire, jamais populiste. Bien au-delà des frontières. Mentalement et musicalement érigées. Oui le groupe est désormais au-delà. Forcément plus mature mais surtout riche de toutes les influences – Rap, Rock & Roll, Funk, Électro & co – qu’il a su complètement digérer au fil du temps. Hymne au métissage des musiques et des hommes. Entre puissance de l’instrumentation et profondeur de l’écrit. Le Peuple de l’Herbe a peut-être finalement atteint aujourd’hui le Next Level qui donnait un titre à son précédent disque.
Ainsi Le Peuple parle à l’oreille du Peuple. Et ça fait quasiment vingt ans que ça dure, depuis le premier maxi (PH Thème) jusqu’à ce déjà 8e opus – Stay Tuned – qui aurait méchamment tendance à nous secouer corps et âme. Tant par son coté déclinaison musicale du Gravement Groove en mode mid tempo complètement assumé, que par des textes et des messages, parfois subliminaux, qui génèrent un sacré remue-méninges à l’intérieur. Sûrement l’album du Peuple de l’Herbe le plus personnel à ce jour, et pourquoi pas le plus abouti. Le plus fouillé et le plus « mastodonte ». En 12 titres à l’unité criante.
La recette de cet International Sonic Crossover est pourtant toujours sensiblement la même : une section rythmique qui groove au-delà du raisonnable, une avalanche de scratches, samples et bruitages multicartes comme une marque de fabrique, des cuivres qui surviennent toujours sur un tapis de velours, et depuis deux albums, des guitares comme si il en pleuvait. Et dont le spectre en terme de styles semble sans limite. Parfois surf option Pulp Fiction (Abuse), ou bien blues du Delta (Nameless Victim et Le Silence), voire carrément noisy rock (Who’s got It et Beautiful Swing) et même rock clairement mélodique (Only a Few).
Et puis trois « putain » de beaux parleurs, accessoirement bêtes de scène, qui vous rappelleront si besoin et en temps voulu, que le Peuple de l’Herbe donne toujours sa pleine mesure sur les planches (Découverte Scène en 2002 et hystérie collective depuis).
JC001, l’ineffable beat box man anglo-indien qui multiplie les prises de position sans concession, et spécialement sur Refugee (Another nameless refugee. Could be you or it could be me. Turn the table, let’s see how we react to our inhumanity).
Marc Nammour chanteur de la Canaille, qui a du tomber dans une marmite de spleen Baudelairien quand il était petit, tant ses textes sont d’une justesse poétique et d’une force synthétique à vous hérisser le poil. Notamment lorsqu’il vous raconte un vendredi soir de novembre 2015 (V13), passé à dialoguer avec une parcelle de zinc (Ce soir il pleut dans la tète du Peuple). Enfin le nouveau venu Oddateee, MC new-yorkais, dont le flow limpide nous ramène aux plus belles heures du Rap visionnaire, quelque part entre Public Enemy, Dalëk et Urban Dance Squad, entre oldskool et novo hip hop.
Ainsi, avec la Grinta qui caractérise généralement les jeunes loups, le Peuple de l’Herbe a aujourd’hui indubitablement trouvé sa voie et ses voix. À grand renfort de groove mid tempo rentre-dedans, et parfois de dérapages rythmiques parfaitement maîtrisés. Un groupe qui nous rappelle également, que malgré sa bonne humeur communicative (Who’s got it) et son penchant naturel et scénique pour débrider les foules, il n’est pas seulement là pour amuser la galerie. Stay Tuned. Ça nettoie parfaitement les oreilles.
Tarif & Réservation
Tarif Unique : 38 €
Site internet : http://festival-insolent.com